On joue les arrêts de jeu, les verts et violets ont planté un essai à la dernière minute du temps réglementaire, revenant au score à 2 points des locaux (10 à 8). Avant le renvoi l’arbitre a signifié à tous qu’il restait une minute à jouer. Les visiteurs ont trébuché le ballon à la réception, mêlée pour les rouges et noirs, mêlée à refaire, faute contre les locaux, évidemment nos jeunes ont joué à la main et remonté 70 mètres de terrain en 15 passes et 3 regroupements éclairs pour venir s’empiler sur la ligne de but. Le tableau électronique affiche 2 mn et 45 secondes de temps additionnel. Le referee, excellent jusqu’alors, sent le match lui échapper au cours de ce final en boulet de canon et préfère siffler la fin du match alors qu’une quinzaine de joueurs se disputent un ballon qui vaut de l’or au dessus de la ligne de but orthézienne. Dans nos rangs quelques joueurs s’écroulent, d’autres enlèvent leur maillot et de rage le jettent au sol, quelques uns raccompagnent l’arbitre en l’habillant de jolis noms d’oiseaux. Compréhensif, il préfère baisser la tête et regagner son vestiaire. A la réception, il avouera spontanément s’être mis le feu en fin de match et avoir mal géré les dernières minutes…

Les entraîneurs Pierre et Ben Ali vont rassembler leurs jeunes et calmer leurs emportements, évitant l’analyse à chaud dans un climat de déception et de tension mêlées bien légitime en pareilles circonstances.

Comme lors de leurs deux précédentes rencontres, nos cadets sont rentrés dans la partie de façon timide. Bougés en mêlée et cafouilleux en touche, ils ont du mal à se dépêtrer des orthéziens qui peuvent s’appuyer sur une conquête en béton armé, comme sur cette énième prise en touche à 2 mains qui voit le pack usioniste progresser et fixer nos avants. Le n° 8 local s’engouffre côté fermé et dépose l’ailier et l’arrière avant de s’en aller sous les poteaux (7 à 0). De notre côté, seules quelques contre-attaques nous permettent de desserrer l’étau et laissent espérer qu’avec de meilleures munitions il y a quelque chose à faire, car on sent que nos ¾ ont des fourmis dans les jambes.

C’est le pied de Thibault Larrondo qui brille en début de seconde mi-temps pour nous amener chez nos adversaires, lesquels toujours opportunistes profitent d’une percée de leur ¾ centre pour aggraver le score sur pénalité.

Dix à zéro à la 37ème minute, c’est le déclic, le signal de la révolte pour les nôtres que l’on ne reconnaît plus. D’un seul coup d’un seul, c’est une autre équipe qui déferle maintenant sous nos yeux. La conquête revient, la conservation est propre, le jeu, en passes au large ou en percussions au près, est dynamique. Dans le sillage d’un épatant Jordan Dartigues, qui montre la voie à suivre, c’est tout un tissu d’affinités qui se retend, un réseau de connivences qui se remet en route, un fonds de jeu disparu depuis un mois qui refait surface. On sent qu’à chaque attaque ça peut aller au bout.

Les locaux s’accrochent à leurs 10 points d’avance comme un banquier à ses stocks options pendant que les visiteurs, alliant vitesse et panache, tentent tout et même plus. Thibault LARRONDO réduit l’écart sur pénalité à 5 minutes de la fin et renforce le moral des siens qui suit une courbe inverse à celle des marchés financiers. En appuyant encore plus sur l’accélérateur, ils viennent déposer le ballon derrière la ligne à la dernière minute. Un essai superbe, après plusieurs temps de jeu où les avants ont bien fixé au ras, juste ce qu’il faut, avant de libérer pour nos arrières. En trois belles passes au cordeau c’est l’arrière Jules CLEMENT, toujours tranchant, qui est mis sur orbite pour l’essai en coin. Un essai de ¾ lumineux comme le ciel mais surtout un essai ultra collectif qui montre bien que notre équipe, après 2 matches sans marquer le moindre point, a retrouvé toutes ses qualités. La transformation est ratée, il nous manque deux petits points. L’arbitre accorde une minute supplémentaire, mais vous connaissez déjà la suite…

Après cette troisième défaite de rang, il ne nous reste plus qu’un match, éliminatoire celui-là, pour accéder au 1/32ème de finale du championnat de France. Ce match à Orthez est comme un rayon de soleil dans un mois de mars triste et terne sur le plan du jeu. Rien n’est perdu, tout est jouable, la prochaine rencontre qui va se dérouler sur terrain neutre, détail d’importance, doit être abordée comme la seconde mi-temps de ce samedi : en conquérants, la rage au ventre et sûrs de notre potentiel, en ayant bien à l’idée que dans ce type de match l’entame est capitale. Alors jouez, jouez à fond dès le début et mettez nous le feu au terrain !

BISCOTTE