Après un match de rugby il est de coutume dans le milieu d'analyser le jeu, de disséquer la tactique, de relever les manques techniques ou les fautes d'arbitrage, d'évaluer la forme physique des joueurs, mais aujourd'hui la prestation de nos cadets B a joyeusement balayé toutes nos habituelles élucubrations technico-tactiques et vient nous rappeler, si nous avions pu l'oublier, que la véritable force d'une équipe c'est son âme et non son fond de jeu. Son essence profonde tient de cette volonté collective de surpassement, quand chacun de ses joueurs puise au plus profond de lui toute son énergie vitale pour l'amener sur le pré au service de l'équipe pour atteindre le but recherché quand on fait de la compétition, à savoir la victoire.

Certes ce n'est qu'un match de barrage non éliminatoire qui s'est présenté ce samedi mais nos joueurs ont décidé que ce serait un match de phase finale et au plus fort la guirlande. Face à eux les landais de St Paul affichent un quinze beaucoup mieux dimensionné et plus mature ( 14 deuxième années contre 7 pour les nôtres ). Mais de tout cela ils s'en fichent comme de leurs premiers crampons d'autant plus qu'ils l'ignorent.

Après un début de match équilibré entre des visiteurs qui pratiquent un jeu complet et nos petits bleus bien en place en défense c'est l'artilleur local Sébastien ROBERT qui ouvre le score d'un maître coup de savate des 40 mètres en coin. Rien de tel pour se mettre en confiance. Hélas, cela ne dure que le temps d'un renvoi mal négocié qui offre aux Saint Paulois un essai cadeau à 7 points. Ça joue dans tous les sens et on n'a pas le temps de s'ennuyer puisque 5 minutes plus tard c'est DELION, un tigre celui-là, qui bondit sur un ballon lâché et cingle sur 40 mètres pour aller entre les pagelles (10 à 7). Du tac au tac les verts reprennent l'initiative, en confisquant le ballon à leurs 3/4 maladroits, pour en faire un meilleur usage et marquer en force derrière un groupé dévastateur. (10 à 12). Avant la mi-temps, qui va faire du bien à tout le monde, le jeu se calme un peu et nos jeunes reprennent du poil de la bête avec une défense intransigeante et la botte de notre demi d'ouverture qui, sans cesse, nous ramène chez l'aversaire.

Maintenant avec le vent dans le nez et deux petits points de retard on se dit que c'est loin d'être gagné. Mais une chose saute aux yeux c'est que nos bleus montrent de suite qu'ils ne lâcheront rien. Les premiers plaquages donnent le ton, avec en figure de proue nos deux plus petits gabarits, Ramuntcho FERRE et Eymeric PAULY, qui font autant de dégâts chez les landais que la dernière tempête hivernale, quand ce n'est pas Bastien STEL qui joue les désosseurs de service ! Les visiteurs qui commencent à en avoir plein le dos de ramasser à chaque attaque, vont perdre de leur superbe et reculer sous la furia des locaux, lesquels vont même se permettre de prendre l'initiative des débats. Oh certes ce n'est pas une symphonie à la toulousaine mais nos attaques sont volontaires, pleines d'engagement et poussent les landais à la faute. Et là, c'est Sébastien, notre pistolero au pied gauche magique qui régale, de 25 mètres en face ou de 40 mètres en coin, et qui remet sa tournée pour nous donner 4 points d'avance (16 à 12) à 10 minutes du trille final.

Maintenant c'est la ligne Maginot qui barre Blanpi sur toute sa largeur. Les visiteurs, pleins d'honneur et d'envie, vont tout tenter, au près, au large ou dans l'entre-jeu mais il ne peuvent rien face à quinze morts de faim transcendés par la blessure d'Alexandre DUPOUY et bien décidés à lui offrir la victoire. Les chocs sont rudes, les corps meurtris, les poumons trop petits, les yeux dans le vide mais à chaque arrêt de jeu, on entend les exhortations au combat de Gaëtan ALLAL —qui dispute là son premier match depuis sa fracture de la jambe— qui n'a pas laissé son tempérament sur le billard et sa langue dans le plâtre !...

Nos jeunes l'emportent après un match énorme de courage, de vaillance et d'engagement. Une partie qui démontre l'unité et la cohésion de cette jeune équipe de copains qui s'est construite dans la difficulté tout au long de l'hiver et qui peut faire briller sa fraîcheur et son enthousiasme à la lumière du printemps. Beaucoup d'équipes plus âgées et plus huppées pourraient s'en inspirer. Bravo les gars, continuez comme ça le plus loin possible, vous êtes dans le vrai. Tous les gens qui vous encadrent vous saluent bien bas et vous applaudissent des deux mains.
Biscotte

Ils ont dit :

Nathan ROUVRAIS (super-sonic) :
- à la mi temps : "on s'est épuisés en défense, on a pu jouer que sur des contres... "
- à la fin du match : "malgré sur domination des visiteurs nos cadets B ont su relever la tête avec une défense extraordinaire".

Fabien GUIET (arbitre du match) :
"J'ai pris beaucoup de plaisir, les deux équipes avaient des intentions et un jeu très engagé. Chez les bleus, le petit troisième ligne blond (Gaëtan ALLAL) a beaucoup apporté quand il est rentré en seconde mi-temps".