Le calendrier n’avait pas gâté nos seniors en les envoyant d’emblée chez nos voisins d’Anglet, un des ténors de la poule. Passe encore en temps normal mais en début de saison hésitant et très handicapés par les blessures et les absences nos garçons s’attaquaient à un morceau un peu trop gros, un peu trop tôt. En face on a sorti l’artillerie lourde avec deux deuxièmes lignes de six étages recrutés plus au sud et les ténors Noblia et Aguirre encadrant une équipe très complète et bien renforcée à l’intersaison. Par contre le pistoléro bayonnais Jacques Aguerre (actuellement blessé) est bien présent à la main courante pour soutenir ses partenaires. Il a pris à contre-pied l’invitation pressante du staff angloy et l’annonce prématurée de sa mutation par nos voisins maraîchers. Que peuvent bien valoir quelques bottes de cresson à l’aune d’un comportement où la fidélité le dispute à l’honneur ? Hitza hitz !

Le début du match confirme la volonté des deux équipes de prendre l’ascendant, au moins physiquement, au plus tôt. Le débat très engagé reste équilibré (3 à 3 à la 20ème) mais assez rapidement la qualité de la conquête bleue permet à nos hôtes de faire étalage de belles qualités dans des enchaînements bien huilés. Ils vont ainsi faire le break en marquant un très bel essai après trois temps de jeu enchaînés même sens ; l’arrière Coignard profitant d’une défense flottante pour déborder avant d’exécuter le dernier défenseur d’un court crochet intérieur (8 à 3).

Nos verts et violets trop défaillants en touche n’ont que peu d’occasions de scorer (2 pénalités ratées) et oublient parfois de se dégager alors qu’ils bénéficient du vent. Avec seulement cinq points de retard à la pause, rien n’est fait mais l’évidente supériorité bleue en conquête n’invite pas à un optimisme délirant.

Les locaux vont faire le trou en deux minutes par deux belles conversions d’Aguirre et prennent le large au score (14 à 3). A ce moment on envisage le pire pour nos couleurs mais il semble dit que cette saison, en dépit de résultats tous défavorables jusqu’alors, l’abnégation et la solidarité, vertus asbéistes de toujours, soient revenues à la mode. Nos joueurs vont s’accrocher à tout ce qui passe pour empêcher l’adversaire de dérouler son jeu et d’enchaîner ses actions. Ils relancent crânement les maigres munitions récupérées mais butent invariablement sur une défense angloye bien en place. Poursuivant leurs efforts jusqu’au bout ils sont même tout près de marquer sur deux cocottes consécutives qui meurent sur la ligne de but adverse. Le point de bonus défensif espéré s’échappe et le score reste inchangé. Un score que les angloys espéraient plus large et les bayonnais un peu moins, en somme personne ne sort vraiment satisfait de ce match de reprise, même pas le trésorier au vu de la minceur inhabituelle de l’affluence pour ce derby soumis à une double concurrence de voisinage et télévisuelle.

Mais l’épilogue le plus triste reste la grave blessure du jeune Nicolas Bru, victime dans les derniers instants d’une luxation de la hanche qui l’éloignera longtemps des terrains. Gardons pour la fine bouche le succès de l’équipe réserve qui, menée 13 à 0, a cravaché ferme pour venir coiffer son adversaire au poteau d’arrivée.