L'OUVERTURE...
     
 
Comme son nom l'indique
 
     
 
          Au moment où tout le monde polémique sur le jeu de Guy Camberabero et de Gachassin, il est peut-être hasardeux de parler du jeu du demi d'ouverture. Bien qu'un jour un animateur fédéral m'ait affirmé que ce poste n'était pas aussi important qu'on peut le croire, je reste persuadé que ce joueur est une des clés de l'équipe et que, bien souvent, lorsque la valeur de deux « team » est sensiblement égale, c'est celle qui a le meilleur demi d'ouverture qui gagne.
          De par sa place, il peut modifier complètement le jeu de son équipe puisqu'il a la possibilité d'utiliser ses trois-quarts en attaque ou, par sa simple volonté, de les priver de ballons en bottant régulièrement en touche. On connaît trop d'équipes à qui il arrive de jouer presque exclusivement avec huit avants et deux demis, pour me contredire. .
          Son travail est donc extrêmement délicat puisque la plupart du temps le véritable problème qui se pose pour lui lorsque la balle lui arrive est celui du choix. Trier les bons et les mauvais ballons est une responsabilité énorme. Il faut un sang-froid peu commun pour résister à l'appel de certains centres qui, par tempérament, n'ont jamais assez de balles, et qui seraient prêts à tenter des choses impossibles où les chances de réussite sont minimes, pour ne pas se laisser influencer par les troisièmes lignes qui voudraient le voir recentrer plus souvent sur eux, pour ne pas céder au grondement de la foule qui voudrait ou voir attaquer ou botter à des moments qui né lui semblent pas judicieux.
          Qui peut 'savoir ,d,ans les tribunes du public ou de la presse même, que tel demi d'ouverture ne donne que très peu de balles à ses trois-Quarts parce qu'un centre lui a dit qu'il était blessé par exemple et qu'il ne veut pas le faire voir à l'adversaire. Peut-on être au courant flue ses savants fatigués lui demandent de botter en touche de leur côte afin d'arrêter le jeu le plus possible sans qu'ils aient trop à courir, qu'au contraire ceux-ci, plus en souffle que des adversaires qui baissent de pied lui demande de botter très loin du côté opposé pour obliger les « forwards » adverses à de longs déplacements épuisants.
          Ce poste, comme son nom l'indique: « ouverture » est celui d'un créateur de jeu, de celui qui ouvre la porte à différentes tactiques. Or pour choisir il faut connaître beaucoup aussi bien le jeu d'avants que celui des trois-quarts. Il est donc nécessaire d'avoir à ce poste un joueur d'expérience, intelligent, de sang-froid, qui saura .prendre des risques personnels à certaines occasions. De par son emploi, de par ce qu'il a à faire il doit posséder une technique parfaite, sachant botter des deux pieds toutes les sortes de coups de pied, avoir une passe impeccable et ne pas avoir peur de plaquer des avants qui peuvent surgir devant lui, etc.
          En somme il faut un technicien, grand tacticien, ayant suffisamment de personnalité pour décider souvent du jeu de son équipe. Croit on encore que ce poste est facile à tenir?
          A mon avis il faut à cette place de grands joueurs ayant le sens collectif très développé. Il est plus important à mon avis qu'il joue pour les autres que d'exploiter trop lui-même. Pour toutes les différentes tactiques se posent alors des problèmes de placement et d'exécution. Il est certain qu'un « ouverture » qui a décidé de botter en touche a avantage à se placer loin et en retrait sachant très bien que la longueur de son coup de pied (donc de la tranquillité avec lequel il pourra le donner), compensera largement son éloignement un peu exagéré de la ligne d'avantage.
          Par contre cette position en grande profondeur et éloigné de la mêlée ,obligeant à une passe longue et manquant de vitesse, provoquera automatiquement des difficultés d'attaque, la défense ayant toute facilité pour franchir cette ligne d'avantage avant les attaquants qui se voient obligés d'opérer à l'intérieur de leur propre camp. De même qu'en cas de recevoir la balle à ras de la mêlée pou ravoir une chance de réussite.
          Comme nous le voyons, il y a non seulement un choix de la tactique à adopter, mais également un dans celui de la meilleure position pour favoriser cette tactique. Il y en a hélas un autre dans le moment où il faut donner la balle. En effet suivant ce qui a été décidé, il peut être nécessaire de passer sans fixer l'adversaire direct parce que centre et ailiers veulent combiner, ou bien d'aller le plus près possible de ce défenseur si on veut botter à suivre et obliger la défense adverse à se retourner le plus tardivement possible, etc.
          Beaucoup de choses on le voit pour un seul homme qui de par sa position attire les regards et par conséquent des critiques.
          Il en est de même en défense où son action personnelle décide de celle des arrières et où son rôle direct terminé il doit redoubler, soutenir les cama rades en action. Ceci se retrouve d'ailleurs en cours de partie lorsqu'il n'a pas de balle. Pendant la phase de jeu qui se déroule, de sa position, de ses ordres dépendront le placement de ses camarades, le sens de l'attaque et de sa forme ou au contraire de base à la future défense.

Robert POULAIN