L'ARBITRE
     
 

Les règles du rugby, il faudrait les avoir apprises dès l'école maternelle, avoir fait du Manuel de l'Arbitre son livre de chevet, pour en connaître, après de longues années, toutes les subtilités. Et encore, on ne serait pas sûr d'être dans le vrai.

Les règles du rugby sont ainsi faites, qu'elles laissent une grande part à l'interprétation, car les lois qui le régis sent sont pensées, écrites, par des Anglo-Saxons, mais la traduction est faite et appliquée, chez nous par des latins l!!

Aussi, souvent, nous posons cette question, pourquoi cette règle? Comment sera-t-elle appliquée ?.. Et très sou­vent, nous voulons faire dire aux textes plus qu'ils n'en comportent.

Ne nous étonnons donc pas que 'l'arbitre ait des faiblesses ou que les supporters, les dirigeants et les joueurs ne partagent pas toujours sa façon de juger, ou de sanctionner une phase de jeu, ces derniers jugeant davan­tage avec les « yeux du cœur» qu'avec toute l'objec­tivité voulue.

Que d'invectives pendant une rencontre, que de discus­sions ensuite. L'arbitre est devenu le bouc émissaire, responsable de tous les maux.

Rien n'est plus facile que de faire retomber sur « l'Homme en noir» ses propres erreurs, et de le rendre responsable de ses déceptions.

Il vaudrait mieux que, joueurs, dirigeants et surtout les supporters, souvent trop féroces, réfléchissent honnêtement, car le plus souvent, c'est l'arbitre qui a raison.

Bien sûr, il n'est pas infaillible, mais quand il se trompe essayons de penser que c'est en toute bonne foi. Il a tellement de choses à juger, à apprécier, en l'espace de quelques secondes: celui qui joue le ballon, la posi­tion de ses coéquipiers, celle des adversaires, les inten­tions des uns et des autres, autant de choses ou d'actes qu'il a l'obligation de voir, de juger, et prendre une décision, tout cela en quelques secondes.

L'arbitre est un homme, et l'erreur est humaine, le plus souvent il n'a droit qu'à des « broncas », des insultes, des grossièretés, quand cela ne va pas jusqu'aux coups, à la sortie du terrain ou du stade.

Là aussi, comme dans toutes les corporations, il y a les bons, les moins bons et les mauvais. Il faut également reconnaître que le recrutement n'est pas facile, il y a peu de candidats, car il faut beaucoup de courage pour aller tous les dimanches après-midi, qu'il pleuve ou qu'il vente, s'exposer aux réactions d'un public très souvent déchaîné, parmi lequel, « des pères tranquilles» dotés d'une bonne éducation et d'une position sociale respectable, se compor­tent, dans un stade, comme de vulgaires voyous.

L'un de nos arbitres internationaux déclarait, après la projection d'une rencontre arbitrée par ses soins, et avoir suivi, tout particulièrement, « les phases ralenties» : « j'ai laissé passé encore plus de fautes que je n'en ai sifflées. Je crois que dans ma carrière d'arbitre, j'ai accordé autant d'essais entachés de fautes, que j'en ai refusé de valables, qui me paraissaient suspects, mais tout cela je puis vous assurer que je l'ai fait de bonne foi, sans vouloir favoriser l'une ou l'autre des équipes en présence. »

Il n'est pas facile bien sûr d'éduquer la foule des hur­leurs, ou de maîtriser les sottes ou odieuses réactions du public chauvin et partisan.

Mais je pense qu'au niveau des joueurs, et des diri­geants, il est possible d'arriver à une amélioration, à une meilleure compréhension des choses.

Car, en définitive, sans arbitre, pas de rencontre, donc pas de joie de pratiquer pour les joueurs, pas de plaisir non plus pour les spectateurs amoureux du rugby bien joué.

Alors, amis joueurs et spectateurs, respectez « l'Homme en noir» et faites vôtre le slogan de l'ami Raphaël MARTIN en ajoutant deux mots: ENCOURAGEZ LES VOTRES ET RESPECTEZ LES AUTRES, SURTOUT L'ARBITRE !!!!!

J._R. PEDARRIOSSE.