Quand passent
les pots de chichon
   
                         
 

Un mien ami, fort en gueule et haut en couleurs pré­tend volontiers qu'un pot de chichons est supérieur à un pot de caviar.

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Si j'ai choisi ce titre baroque pour mon aimable bavardage, c'est que j'imagine non une table ronde, mais une table bien garnie, un soir d'hiver, où les discussions sur le rugby, prennent souvent un ton péremptoire, car chacun en la matière, possède son bâton de maréchal.

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L'inflation galopante qui gagne le rugby est un signe des temps. Payer 5.500 F. (anciens) une place pour assister à la finale, est tout simplement une aberration et démontre, s'il fallait le prouver, qu'un malaise plus profond qu'il n'y paraît, gagne de plus en plus notre sport national.

A peine si la diminution du nombre des spectateurs apparaît en filigrane, car la RECETTE écrase tout. En quelque sorte, l'arbre qui cache la forêt.

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Une folie collective envahit tout le monde. On parle de millions et de transferts, sous le manteau, annoncés de bouche à oreille, chacun étant le mieux informé. Ces « bouteillons » de temps de paix, circulent vite et, il faut l'avouer, chacun en raffole.

Aussi, quand une homme sérieux, ayant les pieds sur terre, aligne les chiffres, lors d'une assemblée générale, on l'écoute d'une oreille distraite, même quand, comme ce fut le cas, à l'A.S.B., M. TIXADOR, annonce que les frais de lavage d'équipements pour la saison, dépassent 400.000 F. anciens.

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Le mécénat se termine... Un grand journal toulousain l'a affirmé en précisant les faits. Je suis presque convaincu de l'exactitude de la chose, mais ce dont je suis certain, c'est de la disparition du bénévolat.

On ne trouve plus de gens dévoués pour s'occuper des jeunes. L'A.S.B. doit à un heureux concours de circonstances de posséder en DESARMENIEN et CESAR, deux hommes; parfaitement désintéressés et compétents.

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Un climat malsain gagne les chancelleries des plus grands. Les déclarations tonitruantes, les démissions pleuvent. On pourrait s'attendre au grand chambardement. Puis, plus rien, embrassons-nous Folle Ville. Les Grands restent les Grands, avec leurs équipages plutôt défraîchis, les Petits restent les Petits avec leur soif d'égaler un jour, les plus grands. C'est un cercle vicieux.

Mais jouer avec le feu ne vaut rien. J'ai toujours un petit penchant pour le Rugby à 13 et j'ai connu les années folles de ce sport. L'époque où l'Equipe de France défilait dans Marseille, à l'américaine, avec voiture décapotable pour chacun de ses membres. Tout « fana» que j'étais, je n'avais pu m'empêcher de trouver cela déplacé, et j'avais dénoncé ce manque de mesure, lors d'un Congrès en Avignon.

Depuis, ce sport a connu bien des vicissitudes, et si aujourd'hui il relève la tête, c'est que tout simplement il est revenu aux sources.

Bref, si l'argent gâche tout, l'A.S.B. peut dormir tranquille. Elle conduit sagement sa barque, et est fière de son équilibre budgétaire. Grâce, il est vrai, à l'appui de la municipalité. Elle reste persuadée de son droit de cité dans Bayonne en pleine extension.

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Comme on le voit, les « Elucubrations» de M. ANTOINE ne sont rien à côté d'une bonne « chichonnade ». On peut tout dire et tout contredire Le sujet est tel lement vaste que je m'aperçois que le lignage qui m'est imparti, se trouve dépassé. Au revoir les amis, nous reprendrons ces discussions interminables et passionnées. On s'eng... bien un petit peu, on aura des mots. Mais on me permettra de souhaiter aux deux rugby, sinon de faire ami-ami, tout au moins de lutter vigoureusement contre la surenchère. Sinon, nous les verrons dégringoler à ,une vitesse vertigineuse, prison­niers des passions qu'ils déchaînent.

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Alors, vivement l'heure où « passent» les pots de chichons. Vous pourrez toujours m'en offrir un, avec naturellement, un superbe cornichon que je m'empresserai de tremper dans l'encrier pour signer.

 
               
FLAG.