J'ai relevé dans une rubrique sportive deux phrases, que je vous soumets, l'une émanant d'un joueur de rugby, l'autre d'un footballeur.

- « Le rugby est un jeu non une affiche. »

- « Il nous faut retrouver, la fraîcheur et l'allégresse, c'est-à-dire un autre football. »

Un autre rugby, un autre football, les plus prestigieux des sports d'équipes n'inspirent plus chez nous que mélan­colie et nervosité. Pourquoi, deux jeux, aussi libérateurs, aussi ouverts à l'inspiration créatrice, sont-ils soudain tombés dans la médiocrité.

Regardez, les Minimes, les Cadets et parfois les Juniors, acquérir d'instinct les gestes, les attitudes, sans oublier, les dispositions morales, qui étaient autrefois l'apanage de l'élite. Puis, plongés dans un autre climat, celui de la compétition, ces jeunes pousses s'étiolent et perdent en

route l'essentiel. Ils sont nombreux les jeunes gens, dont on a dénaturé à petit feu, l'A.B.C. du rugby, qui demande du mouvement, de l'allégresse, une libération et non un asservissement, au « pressing» au « maul » et autres consi­gnes des technocrates du rugby.

Rappelez-vous des pauvres vestiaires d'autrefois, où l'on entrait en riant, Actuellement, hantés par les primes de matches, ils ne sont plus que des mercenaires, se pré­parant sans joie, au combat. N'a-t-on pas rapporté dans la presse sportive, les réflexions, de deux joueurs très en vue, dire après une défaite, dans la phase éliminatoire, l'un « Nous serons en vacances, un mois plutôt que prévu » et l'autre d'ajouter « oui, mais avec une brique de moins ». A base de « FRIC» l'impératif est devenu de gagner à n'importe quel prix. C'est donc bien, une crise générale des valeurs morales dans le sport, qui à l'origine était l'école, qui enseignait, à respecter l'adversaire, et à savoir perdre. Pourtant le passé n'est pas si loin, où efficacité et harmonie, prouvaient que l'on pouvait gagner en « mar­quant plus de points» que l'adversaire, en se livrant entièrement, sans complications inutiles et souvent stériles. Toute la morosité et la médiocrité du rugby, se trouvent parfaitement résumées dans ces seuls mots « UNE­BRIQUE DE MOINS ».

 
              J.-R. PEDARRIOSSE.