Raison gardée.
 
         

Comme chacun sait, nous sommes les descendants des Gaulois et surtout en Vasconnie, nous avons hérité de leur enthousiasme, de leur indiscutable courage, mais aussi d'une certaine légèreté... Le sport, plus particulièrement le Rugby, permet l'expression de ces qualités, pas seulement chez les acteurs, mais aussi chez les supporters et le Français, plus latin que jamais peut brûler aujourd'hui, ce qu'il adorait hier... L'équipe fanion a vécu une aventure exaltante, avec une qualification obtenue par des victoires probantes en 32e de finale, 16' et quart... et aurait pu aller en finale si, les lointains déplacements imposés, ont provoqué une grande partie du déficit financier. Les amis, les supporters sont satisfaits, pestant toutefois après le destin injuste du « vil argent» manquant pour la suite qu'il espérait favorable. L'essentiel étant fait et acquis, la montée en Deuxième Division. Beau succès, mais avec sa rançon qui doit mettre en garde joueurs et dirigeants, face aux difficultés qui les attendent. Les hommes qui forment en leur âme et conscience l'équipe fanion, mais chez qui la lucidité demeure, ne se laissent pas aller d'une joie excessive, tellement ils savent d'expérience, qu'en sport et plus particulièrement en rugby la « roche Tarpéienne est près du Capitole ».

La passion s'apaisant, les hommes de raison, prennent le dessus avec l'espoir de mieux faire encore en ayant le secret espoir que ne s'éteigne pas chez les supporters cette flamme d'enthousiasme qui est nécessaire à l'équipe. Ceux qui, à des titres divers, portent la responsabilité des équipes, savent d'expérience la vanité en sport de la leçon d'une performance; ils ont acquis le sentiment profond, qu'en ce domaine, il n'est pas possible avec certitude de prévoir, ils s'insurgent dans leur for intérieur, mais ils se taisent contre ceux qui par la parole ou la plume risquent de porter, souvent sans se rendre compte, l'enthousiasme facile d'un groupe cocardier à un degré excessif, dont les conséquences ne sont pas toujours prévisibles. Ils souhaitent au contraire, que soit prôné partout le sens de la mesure qui facilite la discrétion dans la victoire, et permet la sérénité dans la défaite. Ces quelques réflexions sont dédiées à tous les amis de l'A.S.B., club modeste, fier de son passé, qui par son courage, son exemple, a su s'imposer parmi l'élite du Rugby français.

Depuis le 25 juin 1976 l'Association Sportive Bayonnaise a entamé un nouvel exercice. Il serait vain de vouloir dissimuler les difficultés qu'elle rencontre actuellement, non pas sur le plan sportif, non pas sur celui de l'union de ses dirigeants, mais essentiellement sur ses possibilités d'action, d'ordre financier. Elle a, en effet, à faire à des demandes toujours plus nombreuses d'une jeunesse qui s'inquiète sur son avenir. L'action sociale est plus que jamais à l'ordre du jour. Les difficultés économiques du moment rencontrées dans notre région, ne nous permettent pas de conserver un pourcentage raisonnable de nos jeunes, qui se trouvent dans l'obligation de nous quitter pour aller vivre ailleurs. Il nous faut donc être unis et plus efficaces que jamais pour conserver à notre Club son standing et son rayonnement qui font sa force et sa fierté. C'est vers ce but que tendent nos efforts. Aux sociétaires il appartient de comprendre les dirigeants et de les aider. Optimistes, nous sommes persuadés que l'A.S.B. peut encore développer le nombre de ses membres et de ses sections, car c'est son but. A toute cette jeunesse qui pratique en son sein différentes disciplines, il se doit d'apporter son soutien pour qu'elle prospère, se fortifie et se forge pour demain toutes les armes qui feront d'elle des hommes équilibrés, dans l'amitié et la joie de vivre qui sont les plus sûrs garants de sa permanence et de sa réussite. Les temps sont durs! Raison de plus pour entreprendre.

Nous voici au seuil d'une nouvelle saison, riche en rencontres de qualité au cours desquelles nous souhaitons voir notre équipe fanion continuer sa croissance. Nous l'avions déjà espéré, l'automne dernier en début de championnat, nos joueurs s'affirmaient sur tous les terrains malgré une poule difficile terminant premier ex-aequo avec La Réole, puis leur montée en Division supérieure, volant de victoires en victoires. Les lignes arrières ont développé d'excellents mouvements offensifs où l'exécution parfaite est à la base des essais marqués par les ailiers. Il est incontestable que l'ensemble a retrouvé sur le terrain le goût du jeu de mouvement où avants et arrières participent allègrement. Mais de graves lacunes sont encore apparentes au niveau de l'équipe juniors qui cette année jouera en coupe Frantz Reichel avec les équipes de Biarritz, SaintJean-de-Luz, Hendaye, Boucau, Bizanos, Lembeye et Puyoô. Les jeunes joueurs ont particulièrement tendance à se montrer brillants dans la facilité, tandis qu'ils se relâchent très vite dès que la difficulté surgit.
Dès aujourd'hui, il faut lutter contre ce manque de force morale. Pour que chacun puisse accomplir son devoir d'équipier, il faut d'abord qu'il apprenne à souffrir pour retrouver ensuite la décision dans l'action. Avec cette volonté, chaque joueur doit découvrir le plaisir de l'engagement physique, à plaquer, à se regrouper, se baisser pour récupérer les précieux ballons à terre, à courir, pousser, sauter, bref s'intéresser et participer au jeu avec une conviction déterminante. Si tout au long de la saison, ce désir de perfection devient le « Credo» de chacun et de tous, nous pourrons alors entrer dans la voie du progrès et de la maturité.

Patience et Confiance.