Recettes pour la Montée...
 
         

Durant les sept dernières saisons où l'A.S.B. m'a confié la Direction de sa Commission de Rugby, j'ai toujours cherché la « Recette» qui nous permettrait de « goûter» à la Deuxième Division.

Cette année, je crois l'avoir trouvée:

« Prenez un nouvel entraîneur (de préférence de votre propre élevage), ajoutez un autre entraîneur dont le père et le grand-père ont aussi le même label. En même temps, autour de vos entraîneurs, placez 15 à 20 gaillards de taille et poids variables mais tous solides. Faites mijoter le tout pendant une saison de 8 mois. Saupoudrez de petits casse­ croûtes et de quelques méchouis. Vers la fin de la cuisson, ajoutez du piment « Baïona-Banda ».

Vous obtiendrez ainsi une montée dont se régaleront tous vos amis...

Je ne puis honnêtement prétendre que ma « Recette » sera adoptée par tous les amateurs de montée et pour être franc, j'avoue n'avoir eu qu'une confiance limitée en sa réussite.

En vérité, la montée s'est bâtie dès le 16 juillet quand 25 jeunes gens, autour de leurs entraîneurs, ont, avec enthousiasme - et malgré les attraits de la plage ­attaqué hardiment la saison. Parmi ces 25, une dizaine de nouveaux dont la valeur allait se révéler dès le premier match officiel gagné contre Hasparren : Lonca (17 points), Iraboure, les frères Castaing...

Ce fut ensuite le marathon du Championnat dont tous les matches (sauf un à Gan), ont été préparés et joués avec sérieux:

- du courage, il en a fallu à Bazas devant une équipe et un public hargneux;

- de la volonté, il en a fallu pour battre Grignols à l'extérieur;

- de la persévérance aussi après des matches perdus d'un rien (La Réole,..La Teste, Saint-Palais);

- et tout cela aboutit enfin à la QUALIFICATION.

La qualification était déjà une récompense. Nous n'étions guère habitués à cet honneur auquel nous avions tout de même accédé par deux fois. La suite n'avait rien ajouté à notre gloire.

Si, dans le milieu des dirigeants, l'optimisme restait mesuré, nous étions un petit groupe à savoir que nos joueurs en cas de revers, vendraient chèrement leur peau: c'étaient des gagneurs.

Les 32e nous font rencontrer Trignac à Rochefort. Je ne puis passer sous silence cet avant match où, après le repas sportif nous attendions, concentrés et silencieux, le moment de partir au stade. Tout à coup, sous les fenêtres du restaurant, l'éclatement des cuivres et des tambours de la « Baïona-Banda ». L'effet que produisirent ces airs de « chez nous» est indescriptible. Tous avaient les larmes aux yeux et le capitaine résuma nos sentiments en disant « maintenant nous ne pouvons plus perdre ». Sur le terrain détrempé de Rochefort nos joueurs conquirent le droit de disputer les 16e et la montée, accompagné du sportif hommage des vaincus.

En 16e, pour la MONTEE, c'est Royan qu'il fallait éli­miner sur le terrain de Facture. Cette fois notre équipe était bien rodée physiquement et moralement, mais l'adversaire avait de la technique et du talent. Ce fut une grande et difficile victoire où nos garçons firent preuve d'un cœur insoupçonné pour renverser le cours d'un match que Royan croyait à sa portée. Les mots ne peuvent traduire la joie et la fierté que nous avons éprouvées ce jour-là.

Ce rappel du long cheminement vers le but que nous avons atteint démontre bien qu'en définitive on n'obtient pas la « MONTEE » avec une « RECETTE ». Ce genre de réussite découle, le plus souvent, du travail, de l'assiduité, de la foi, de la volonté, de l'amitié... je dois oublier des ingrédients.

Marcel JUNQUAS.