Si vous demandez aux dirigeants de l'AS. Bayonnaise quelle est, à leurs yeux, la meilleure réussite d'un club pour lequel ils se battent avec tant de dévouement, ils vous répondront: Larrieste. Le jeune arrière, pour sa première saison rugbystique, étonne en effet tous les connaisseurs par des qualités que l'on attend davantage d'un joueur blanchi sous le harnais. Car Larrieste est un cas : footballeur à l'Aviron Bayonnais il fut appelé par les Girondins de Bordeaux qui ne le retinrent pas dans leurs effectifs. De retour à Bayonne, déçu sans doute, il accéda à la demande de l'entraîneur Lacassagne et opta pour la balle ovale. Pour une réussite fulgurante et la satisfaction d'un club misant tout son avenir sur les produits de la ferme.

Car, à l'A.S.B., placée entre le Boucau Stade, le Biarritz Olympique et son voisin de quartier l'Aviron Bayonnais, il ne saurait y avoir d'autre politique. Marcel Junquas, un ancien entraîneur du B.O., a constitué une phalange d'éducateurs sur laquelle il veille avec un soin jaloux; et qui lui« sort » chaque saison des éléments qui ne tardent guère à s'imposer à l'échelon le plus haut. C'est ainsi que six titulaires du pack sont des purs produits de l'école de rugby et que si, derrière,l’international junior Mundulbetz vient de l'Aviron, tous les autres sont eux aussi issus du club. On sait jardiner à l'A.S.B. ! Avec, pour encadrer ces jeunes pousses, l'exemplaire René Viguéra dont on est incapable de dire s'il a amené le plus par son « métier» à l'ouverture ou par un esprit de club remarquable.

Avec une pléiade de joueurs à peine adultes et d'anciens chevronnés (Paco Arismendi, Demeyère, Lacroix, Viguera), l'A.S. Bayonnaise a accédé aux 16e de finale au terme d'un parcours en poule somme toute assez facile. Au stade de la phase K.-O. du championnat elle sera redoutable pour tous grâce à une ligne d'avants enlevée par une première ligne de fer qui ne craint rien ni personne. Paco Arismendi, Labarthe, Lapeyrade constituent un trio qui force le respect et constitue la clé de voûte d'un pack qui entre pour une large part dans la qualification. Du capitaine Arismendi à Demeyère, ce sont huit guerriers au sens noble du terme qui se battent tels des lions pour leurs couleurs... et rien que cela! Redoutables en mêlées ordonnées, intraitables dans les regroupements, ils pèchent en touche mais leur combativité incessante compense le manque de taille.

Maintenant que le printemps frappe à notre porte les terrains secs et le jeu déployé vont demander« autre chose ». Nous ne dévoilerons pas une confidence en écrivant que l'A.S.B. est disposée à cet «autre chose». Ses arguments, à l'évidence, ne font pas défaut à partir d'une paire de demis (Longa-Viguera) subtile et chargée de talents jusque "des lignes arrière dont la moindre qualité n'est certainement pas le mordant.
Un mois nous sépare du seizième de finale. Un mois que les entraîneurs Lacassagne et Mundulbetz vont mettre à profit pour affiner l'équipe et lui donner un peu de cette tranquillité qui parfois lui fait défaut.
On ne saurait trop demander à une formation dont la qualité fondamentale demeure la jeunesse. Mais le fait qu'elle soit animée de la meilleure des vertus, celle qui naît et grandit dans l'amour du clocher, ouvre toutes les perspectives.
A cœur vaillant, rien d'impossible. Et vous ne trouverez personne, dans le landernau basque, qui jouerait sur la téte de ses ancêtres, que l'A.S.B. en est dépourvue 1 Alors, pourquoi pas un joli et fructueux printemps?