Salut Bayoune !
 

Etrange personnage, cet « Ami Pierrot" de chez Cacareigt...
Planté derrière son comptoir qu'il administre avec compétence, il développe volontiers ses théories « du jour » sur la politique politicienne, le racisme ou les « chiens écrasés ".

Son auditoire, convaincu sans doute de l'issue de la conversation, s'irrite, se prend au piège, anime le débat qui se termine, le plus souvent, par une immense « rigolade "... C'est un second « Petit Marmiton ", me disait, récemment, un « Vieux de la Vieille ", voulant rendre un juste hommage à celui qui a animé, durant de longues années, une partie importante du Sport Bayonnais...

Mais il est un domaine dans lequel notre lascar reprend tout son sérieux et se bat, s'il le faut, avec férocité... c'est le RUGBY.

Chaque habitué connaît sa véritable passion pour le style, sans complaisance, de l'A.S. Biteroise : « Ça c'est du Rugby», a-t-il coutume de dire.

Comment se fait-il que ce Bayonnais, bon teint, plus habitué au « Rugby-Lumière" de notre région, ait porté ce véritable culte à un style bien différent du nôtre ?

Très simplement... « Je considère que le RUGBY est un véritable sport et non un jeu (comme on le prétend si souvent) et qu'à ce titre il est préférable à la « BARRETTE » si chère à nos grands-pères. »

C'est un choix qui se défend et se respecte.
On peut être, évidemment, d'un avis absolument opposé, d'où les sempiternelles controverses qui animent les longues soirées d'hiver.
A l'appui de ses dires, notre mastroquet applique une quantité d'anecdotes et de statistiques... d'un poids impressionnant.

Pour mieux confirmer cette option et honorer son choix, Pierrot avait pensé inviter lors de sa venue à Bayonne, Raoul Barrière, entraîneur de l'A.S.B.
Cérémonie très courte. Un tablier bleu noué autour de la taille et une franche poignée de mains présidèrent, seuls, à la remise d'un magnifique makila d'honneur.

Les deux hommes se regardèrent bien dans les yeux. Leur entente - sur le Rugby - était parfaite. Ils s'étaient compris.
La suite ne fut pourtant pas tout à fait aussi réjouissante.
Parti, à Pau, avec sa charmante épouse, pour assister à une démonstration habituelle de ses Biterrois, il en revint quelque peu ébranlé... avec la « lippe » des mauvais jours.
Ce n'était qu'un commencement...
Ce 1er mai 1977 était pourtant jour de liesse. Non seulement la Fête du Travail, mais encore par la vertu d'un calendrier malicieux, deux quarts de finale pour les deux Grands de notre coin: Aviron - Béziers et B.O. - Nice. Pensez donc... en cas de victoire on « risquait» avoir un Aviron - B.O. en demi-finale du Championnat de France !... Les chances de nos compatriotes étaient beaucoup plus sérieuses que celles accordées par les pronostiqueurs, comme l'allait démontrer la suite...

Notre Pierrot-la-Chanson prit le chemin d'Agen, ayant bien soin de prêter une oreille plus qu'attentive à son transistor, qui diffusait le match de Narbonne (B.O. - Nice). Il y vécut un supplice de Tantale... Bayonnais dans le « cœur » mais amoureux fou d'un certain rugby bien en place, ordonné par ce maître qu'est son ami Raoul Barrière, le choix devenait Cornélien.

L'Aviron de Bayonne, bien chapitré par son mentor Roger Etcheto et son ami Jean Saussié, lançait, dans la plus pure tradition, ses chevau-légers à l'assaut de la forteresse biterroise.

Ce fut une bien belle joute. Harcelé de toute part, le navire « A.S.B. » amorçait un tangage dangereux et, à Narbonne, le commentateur radio s'égosillait pour décrire la remontée sensationnelle du B.O. de chez nous.

Finalement, deux tout petits points séparaient les quatre équipes... Hélas! Dans un cas, comme dans l'autre, ces deux petits points étaient pour les autres...
Nos adversaires de toujours, mais néanmoins amis, de longue date, nous pardonneront facilement cette incursion dans leurs affaires.

Notre Pierrot était vraiment « dans ses petits souliers ".

Dans un stade en feu, les « fans» prenaient peu à peu conscience des possibilités des leurs... et Pierrot, fut brocardé pour son option, bien connue, du rugby stylé, et longuement « mis en boîte ». Pierrot n'a pas la réputation d'avoir sa « langue dans la poche ». Vous voyez facilement ce que cela peut donner.
Le ballon de Lataste, frappant le montant d'un poteau, pour revenir dans l'aire de jeu et provoquer un regroupement furieux, à quelques minutes de la fin, fut le dernier « tranchant» de cette rencontre homérique. Dans la quiétude de l'auto qui le ramenait à Bayonne, notre Pierrot eut cette phrase magnifique: « Ils ont raison, et méritaient, largement, la victoire... mais une fois encore, NOTRE (admirez!) organisation a été reine "...

La suite du championnat, certes, fut plus facile pour lui et l'A.S. B. des, rouges et bleus (hélas!!!), Championne de France... et de tout ce que vous voudrez...
Allons! Allons! On mangera, encore, cet hiver, des châtaignes grillées en dégustant certain petit vin blanc. On s'eng... ferme, sur la politique et surtout sur le rugby et comme toujours, cela se terminera par des chansons et notamment par le « Salut Bayoune " de cet autre Pierre, bien de chez nous, le poète gascon Rectoran.
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