"Rétrospective" par Marcel Junquas
 
Président de la commission de rugby
Rugby « sport roi », comment ne pas s'étonner, en nos temps où tout se monnaye, de la passion que tu suscites chez tous ceux qui te servent « rien que pour le plaisir ».

Pour évoquer le présent et le passé d'un club, il est d'usage de raconter les exploits et les mérites des joueurs en renom qui opèrent dans l'Equipe Première. Par contre, la contribution des dirigeants est surtout passée sous silence. Je vous propose aujourd'hui l'histoire de la nouvelle A.S.B., vue des coulisses, où siègent son Conseil d'Administration et ses diverses Commission.
Nous savons tous que la plupart des grands clubs de Côte Basque sont nés avec le siècle et que le début de leur existence était émaillée d'exploits légendaires racontés par les témoins de ces époques héroïques. Jeunes joueurs, nous écoutions religieusement ces récits. Les portraits des fondateurs ornaient la salle de réception du siège et quand, par chance, leurs descendants honoraient le club de leur présence, ils étaient entourés d'une respectueuse admiration, en souvenir de leurs vénérables ancêtres.

Les temps ont bien changé et les jeunes générations ne jettent plus que des regards distraits sur les portraits antiques, mais pour nous, témoins actifs de la renaissance de l'A.S.B., il est plaisant de penser que dans quelques décennies les récits de sa fondation, de sa petite histoire, des exploits de ses joueurs, devenus à leur tour légendaires, perpétueront le souvenir d'homme que nous avons connus.

Donc en 1963, le premier Président de l'A.S.B., le Dr Lalanne, entouré des Ch. Ducasse, M. Gonzalès, P. Lacassagne, Lamaison, Montagut, Labourdette, Abéradère, Pédarriosse, Arla, Lesca, Darricarrère, Tixador, Michaud, ont assisté aux premiers matches de cette A.S.B. qu'ils avaient décidé de faire repartir, avec seulement leur enthousiasme... pour pécule. Il est à remarquer que cette toute petite équipe qui disputait le Championnat de Côte Basque des séries inférieures, évoluait déjà sur le terrain d'honneur du renommé: stade de Saint-Léon. Cela a parfois étonné nos adversaires de l'époque et rehaussé notre prestige, qui en avait bien besoin, car les joueurs qui composaient ces équipes étaient plutôt habitués aux terrains « cour de ferme» qu'à la pelouse drainée et entretenue de notre Parc des Sports. Personnellement je pense, qu'autant que le passé sportif de l'A.S.B. d'avant-guerre, c'est la personnalité de Ch. Ducasse, Conseiller municipal apprécié, qui nous a valu d'emblée, la considération de la Municipalité Bayonnaise.

L'A.S.B. qui eut la main heureuse en se donnant des dirigeants de poids comme Ch. Ducasse, a aussi accueilli, dans son Conseil, des hommes de bonne volonté mais à la réputation bien moins établie. Par exemple, dans la toute première équipe évoluait un talonneur dont le corps arbitral n'appréciait pas la « virile ardeur », si bien que notre réputation, déjà pas très brillante, risquait encore d'en souffrir. Aux grands maux les grands remèdes: un dirigeant bien intentionné « perdit» la licence de ce joueur en prétendant que le Comité ne l'avait pas retournée. Ce pieux mensonge, connu plus tard par P. Cacareigt, ne l'a pas empêché, l'âge aidant, de se transformer en un dirigeant fidèle et avisé.

En 1970, pour la montée en 3me Division, l'équipe dirigeante gardait son ossature de 1963. Seule la Commission de Rugby commençait à faire peau neuve avec la venue des Frères Cacareigt, de Micots, J.-P. Abéradère et R. Lacassagne. Il est un peu regrettable qu'il n'y ait eu que peu de vocations de dirigeants parmi les joueurs qui participèrent à la montée. Seuls R. Lacassagne et P. Lajusticia continuent à servir l'A.S.B.; Sarastune, Labarrère, Lataillade et Darracq viennent parfois encourager l'équipe Première à St-Léon, les plus jeunes de l'équipe' : Demeyere, Labarthe, Polite jouent encore, enfin, on ne voit plus les Olhagaray, Menguez, Lahary, Anglade, Durieux, tandis qu'Aguerra, émigré à Rochefort, reste un supporter fidèle de l'A.S.B. surtout dans les grandes occasions.

A la fin de sa première saison en 3me Division, l'A.S.B., qui jusqu'ici habitait chez les autres, inaugurait son siège actuel en présence de M. le Maire et d'une assemblée nombreuse de notables, de dirigeants, de joueurs et de supporters. Le siège, plus pimpant qu'actuellement (son amélioration est projetée) avait été aménagé avec soin et bénévolement par MM. Gonzalès et Paul Lacassagne et surtout par le regretté Jules Labourdette. Julot, qui avait du caractère, n'admit aucun visiteur avant d'avoir terminé son œuvre: menuiserie, électricité, carrelage, sanitaire, etc., et n'assistât pas à l'inauguration. Figure attachante malgré son fichu caractère il est bien dommage que, seulement à propos d'une clé du magasin des équipements, il se retira en claquant la porte et se priva ainsi, jusqu'à la fin de sa vie, du plaisir de venir quotidiennement faire son « petit tour » au siège.

Quand la maladie priva pendant quelques années l'A.S.B. de son animateur Ch. Ducasse, ses dirigeants essayèrent et réussirent parfois à consolider et à améliorer le standing du club. Mais l'édifice était encore fragile et l'encadrement «un peu léger ». Aussi, l'A.S.B. eut-elle à nouveau une sacrée chance en élisant à sa présidence M. Bruneau. Ses qualités de gestionnaire ont déjà porté leurs fruits. Sous son mandat notre équipe Première est montée en 2me Division, l'équipe dirigeante s'est considérablement étoffée et rajeunie, enfin l'école de rugby a pris un bel essor et doit fournir à l'A.S.B., dans les années à venir, l'ossature de toutes ses équipes..

Avec R. Lacassagne et F. Mendubeltz, jeunes dirigeants entraîneurs, à qui la reconnaissance du club est acquise pour la part prépondérante qu'ils ont prise à la montée, A. Mothes, P. Cacareigt, J.-P. Aberadère, Misson, Etcheverry, Bidart, Marmayou, Guénan, Noblia, Maisonnave, Behengaray, Deycard, pour ne citer que les plus jeunes et les plus « intègrés », l'A.S.B. a d'ores et déjà assuré la pérennité.

Tous ceux qui ont participé au renouveau de l'A.S.B., ont conscience que leurs efforts sont maintenant récompensés. La contribution, parfois modeste, mais toujours désintéressée des dirigeants, anciens et nouveaux, méritait pour une fois, d'être mise en exergue.

Chère vieille A.S.B., tu peux avoir confiance en ton avenir, car d'autres jeunes passionnés de rugby et de tes couleurs sont déjà prêts à te servir « rien que pour le plaisir ».