« Les arbitres sont de plus en plus victimes de la vio­lence, ce fléau social qui dépasse le monde du sport. » Ces propos émanent... du Président de la Commission Cen­trale d'Arbitrage de la Fédération Française de Foot-ball...
           Il n'y a donc pas que le rugby qui soit malade de la violence sur les stades.
          Comment faut-il combattre ce fléau?
          Par la répression à outrance et souvent aveugle, ou par l'éducation?
          Les remèdes ne sont pas nombreux, et s'il suffisait d'un coup de baguette magique, le problème serait réglé depuis longtemps.
          Hélas, ce n'est pas le cas, radiations, suspensions, péna­lisations, amendes financières, n'ont pas apporté les résul­tats escomptés.
          Pour tenter de sortir de l'ornière, il faut séparer le cas des joueurs, entraîneurs, dirigeants, tous placés sous l'autorité des Fédérations, de celui des spectateurs et sup­porters, qui échappent à tous contrôles et qui sont d'au­tant plus virulents, qu'ils sont incompétents.
          Contre les premiers, les fanatiques de la répression réclament toujours plus de sévérité, qui selon eux, est seule capable de leur faire payer leurs fautes. C'est sans doute, une solution illusoire, d'abord, parce que les sanc­tions appliquées sont déjà draconiennes et qu'elles sont distribuées sans pitié, et, il faut bien le dire, le plus souvent sans discernement, un peu à tort et à travers, et dans bien des cas ce sont les visiteurs qui en font seuls les frais.
          Ensuite, parce que l'escalade de la répression, en sport et ailleurs, n'a jamais mis fin à l'escalade de la violence.
          La seule solution, c'est d'améliorer l'éducation de tous ceux qui fréquentent les stades, et cela il faut le faire de toute urgence et en toute priorité. Certes, il y a beaucoup à faire, cela doit être la tâche inlassable des enseignants à l'école, poursuivie, dans les écoles de sports et dans les clubs, il faut réapprendre dès l'enfance les principes civi­ques abandonnés depuis longtemps par ceux qui ont la charge d'enseigner et de donner l'exemple.
          Le respect de la non-violence et des arbitres est la condition sine qua non de la survie du rugby et du football, au même titre que le fair-play, cela est la base même de toute animation et de toute éducation.
          Si la majorité des entraîneurs, éducateurs et dirigeants en sont conscients, d'autres, hélas trop nombreux, portent une lourde responsabilité dans la situation actuelle, il suffit de percevoir les échos de certains propos tenus dans les vestiaires, pour s'en convaincre, ces mises en condition, avant une rencontre ne sont pas toujours des plus orthodoxes, car en ce domaine, même certaines omissions sont coupables.
          Le jour où tous les responsables seront dignes de leur mission, l'essentiel du problème de la violence sera réglé.
          Pour lutter contre les agressions des arbitres par les supporters, la SOLUTION EST PLUS DIFFICILE A TROTJVER, forces de police, grillages ne sunt pas toujours très efficaces et nous pensons que là aussi, c'est une question d'éducation, qui doit débuter dès les petites classes de l'école publique, il faut sans cesse répéter à tous, jeunes et moins jeunes, à tous les publics, que le rugby est avant tout un jeu, quel que soit le niveau de la compétition et qu'il doit rester un spectacle sportif.
          Il ne faut pas en venir, à placer un cordon de C.R.S. tout autour des terrains, transformer les tribunes, pesages et pelouses en camp de concentration, autant renoncer définitivement à la compétition, qui par sa nature et ses objectifs ne se remettrait pas de telles mesures.
          Le temps est venu de conjuguer tous les efforts, et tous les moycns pour prendre en charge l'éducation des joueurs et des supporters, sans quoi, le sport de compétition court à sa perte, il faut rappeler à tous qu'un terrain de sport, doit rester une immense cour de récréation, où tous, joueurs et spectateurs se rassemblent pour partager les joies d'une fête à la gloire du rugby.
          Une vaste campagne, de formation et d'information, mettant l'accent sur l'éducation et non sur des mesures de répressions, sera des plus utiles. C'est une action de longue haleine, il faudra du temps avant que ce travail porte ses fruits, et que si au coup de sifflet final, le terrain est envahi..., il le soit par des gens qui désirent congratuler tous les acteurs du sport qu'ils aiment et qu'ils auront apprécié à sa juste valeur.

 
     
   
        J.-R. PEDARRIOSSE.