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Saison 1981-1982

 

EN GOGUETTE...

 

Hier, de grand matin, j'ai rencontré les deux compè­res que je croyais, à jamais disparus « Pessimard » et « Optimard »... Sortis, tout droit, de l'imagerie populaire bayonnaise et mis en scène par le talent du regretté « Vieux des Tribunes », je me souviens encore, de l'ani­mation qu'ils créaient, dans les colonnes du « Courrier de Bayonne « …

Ils étaient là, bien vivants, toujours aussi virulents dans leur discussion interminable, invariablement por­tée sur le « rugby » avec la part qu'il se doit, pour la chronique locale...

 

« Pessimard » après avoir salué en moi, un cama­rade retrouvé et m'avoir présenté ses civilités, reprenait bien vite, sur un ton péremptoire, l'objet de sa discussion favorite. Sec, comme un sarment de vigne, mais animé d'une indignation qu'il avait peine à contenir, il vitupérait à l'envi:

 

« Le rugby, cette année, encore, « ça » été de la « con­nise » en bâton... Après nous avoir fait avaler un plat indigeste au possible, avec des « cocottes » de dix et un joli dessert de huit qualifiés par tranche, on nous a pro­mis à une « guillotine » soudaine, pour les phases dites éliminatoires. Résultat: beaucoup de club qui sem­blaient bien tenir la route, se sont retrouvés « gros Jean » comme devant, dès le premier jour de la compéti­tion véritable.

 

A la F.F.R., très discrète dans l'attribution de ses « merdailles » et hochets, je propose de bien fouiller ses « tiroirs » et de trouver le gadget approprié pour bien récompenser l'ingénieux farfelu, inventeur de la for­mule... Un bonnet d'âne serait le bienvenu!

 

Très fier, de sa dernière « trouvaille »,  Pessimard, après avoir jeté un regard sur Optimard, muet, peut ­être d'admiration continua sa diatribe:

 

C'est comme cette finale du Du Manoir, très médio­cre, dans son ensemble. Les marrons volaient bas sur la pelouse du Parc des Princes. Ils venaient contredire de la façon la plus formelle les propos de quelques médias, en mal de copie, plus portés à regarder et entretenir le « mal » dans la maison d'en face... qu'à essayer de redresser ce qui ne va plus chez soi... Vraiment! on a perdu, en France, l'habitude de balayer devant sa porte...

Résultat des courses: moins de 8.000 spectateurs (une misère en comptant les supporters des deux clubs, les gendarmes, les préposés au plaçage et la marchande de bonbons du coin...)

 

Ivre d'une colère mal contenue, Pessimard, « argoti­sait » de plus en plus ses propos, ce qui lui valut de per­dre toute une tranche de son auditoire devenu assez important. Seul Optimard semblait encore intéressé. Il voulut intervenir mais un regard courroucé de son ennemi juré le fit taire.

 

«  Le plus beau, c'est chez les « petits » qu'on le trouve... Regardez un peu, à la « Battite », cette forma­tion, bien de chez nous, à qui on fait payer très cher son droit à l'existence.

 

Voyons! récapitulons... (il est toujours possible, si l'envie s'en fait sentir, de vérifier) :

 

- 700.000 centimes (environ) d'amendes diverses - Le capitaine Lapeyrade, suspendu à vie; il a commis une faute très grave mais qui ne méritait pas le quart de la moitié d'une... (mais je ne suis pas Cyrano) de la sanction infligée. Rien à voir, en tout cas, avec les incidents d'Angoulême qui mettaient en cause deux internationaux et la conduite de... Narbonne faite au capitaine de l'équipe de France, ce bon J.-P. Rives.

- Le terrain suspendu pour deux matches de championnat. (Merci à Saint-Paul-Iès-Dax et à Cambo qui ont bien voulu nous recevoir).

- 3 points de pénalisation qui nous ont précipité dans l'enfer de la 3e Division. A ce propos, sait-on que pour avoir les « minutes » d'une sanction frappant un arbitre de touche du club, l'AS.B. s'est vue imposer 50.000 centimes de participation de la part de la F.F.R. ?

 

L'argent, toujours l'argent... L'AS.B. est si riche... il est vrai "...

 

Pessimard s'étouffait de colère. C'est le moment précis, que choisit Optimard pour intervenir. D'une voix claire, bien posée, il stoppa net l'envolée de son compère pour exploser à son tour :

 

« Mais, mon vieux... ne crache pas dans la soupe... Ton imagination te conduit à noircir tout ce que tu «  touches » » !

 

Le quinze de France, n'a-t-il pas gagné le Grand Chelem... Et de quelle façon!

 

La finale du Championnat de France, que j'ai vue à l'  « image », n'a-t-elle pas été d'une grande beauté et d'une parfaite correction ?.. Et ceci dans un stade archi­comble ?…

« Un nouveau mode de championnat, pensé et suivi par la F.F.R. ne vient-il pas de condamner l'ancien qui, je te le concède, était dérisoire... »

 

« Pour les petits... tu as raison... Le règlement est à revoir... L'AS.B. est frappée dans ses œuvres vives... C'est une erreur mais elle refleurira de plus belle! Elle est assez « tignouse » pour cela... »

 

Puis, coupant net, et voulant mettre un terme à l'interminable discussion qui durait depuis le matin, Optimard invita son collègue à boire le coup de l'ami­tié retrouvée. Ce qu'ils firent, dans la minute même.

 

.On les vit successivement chez « Maiso », « Gérard » et « Pierrot », où ils reprirent une discussion devenue parfaitement inaudible.

 

Puis la nuit étendit son voile réparateur...

 

Le lendemain de ce retour en fanfare, on pouvait voir les trois « mastroquets » réunis. Ils arboraient un sourire long comme ça. C'est que nos deux lascars, après avoir bu, beaucoup bu, étaient partis en leur plan­tant un beau drapeau, en guise de paiement...

 

Mais le drapeau était magnifique... Il était vert, blanc, violet... aux couleurs de l'A.S.B... .

 

Et l'on se prit à parier sur le retour prochain - ou pas - de nos deux phénomènes.

 

Flag.