Enquête sur les accidents de rugby chez
l'enfant de 9 à 16 ans
Tous les responsables des écoles de rugby se heurtent souvent en début de saison, lors de l'inscription de jeunes enfants, au véto des mamans... le rugby qui "passe pour" un sport violent est-il vraiment dangereux pour l'enfant? à partir de quel âge? quels sont les types d'accidents les plus fréquents? Les médecins et les techniciens peuvent-ils en tirer des conclusions préventives?Docteur PENE
Tout licencié de rugby est obligatoirement assuré. Tout accident doit faire l'objet d'une déclaration par un responsable administratif du club (après certificat médical).
C'est ainsi que les responsables de treize clubs (Aurillac, Bergerac, CA Brive, Brive Olympique, Cahors, Isle, Montferrand, Orthez, Périgueux, Peyrehorade, Toulouse, Tulle, Ussel) se sont engagés à répondre tous les trimestres au cours d'une saison, à cette enquête qui portait sur:
- la catégorie du joueur, poussin, benjamin, minime, cadet; - le poste occupé, avant, demi, trois-quart; - les circonstances de l'accident (entraînement ou match) ;
- le type d'accident. 4 types d'accidents avaient été définis:
- fracture;
- entorse plâtrée ou immobilisée 3 semaines;
- de la face et des dents;
- autre accident ayant entraîné l'arrêt du rugby pendant au moins 1 mois.
Ont été volontairement exclues de l'étude, les lésions cutanées (notamment les classiques points de suture) ou les lésions musculaires exceptionnelles et toujours bénignes chez l'enfant.
Les résultats sont concluants: seulement 76 accidents ont été relevés chez 2 270 enfants ayant pratiqué toute une saison, soit 3,3% !
- 2 seulement chez les poussins (9 et 10 ans) ;
- 12 chez les benjamins (11 et 12 ans) ;
- 27 chez les minimes (13 et 14 ans) ;
- 35 chez les cadets (15 et 16 ans).
Notons: seulement 41 accidents chez 1 690 enfants âgés de 9 à 14 ans, soit 2,4%, 35 accidents pour 580 cadets, soit 6%.
42 accidents sont survenus chez les joueurs de la ligne d'avants, 11 chez les demis, 23 chez les attaquants. 53 accidents se sont produits en match contre 23 à l'entraînement.
Les accidents se décomposent en :
- 30 fractures dont 8 du poignet, 5 de la clavicule, 6 d'un doigt ou d'un métacarpe, 5 du tibia, 1 du péroné, 2 du tibia-péroné, 2 d'une côte, 1 du coude;
- 27 entorses plâtrées dont 12 du genou, 8 de la cheville, 4 du poignet, 3 des vertèbres cervicales;
- 11 fractures au niveau de la face, 6 du nez, 4 d'une ou deux dents, 1 de la mâchoire;
- 2 traumatismes crâniens avec perte de connaissance sans coma;
- 6 luxations acromio-claviculaires.
EN RESUME
- 3,3% d'accidents ont été relevés dont 2,4% seulement à l'Ecole de rugby mais 6% chez les cadets;
- 20 sur 30 fractures siègent au niveau du membre supérieur, soit 66% ;
- 31 fractures sur 41 au niveau du membre supérieur et de la face, soit 76% ;
- les accidents les plus fréquents sont chez les cadets. Ce sont aussi les plus graves puisque c'est dans cette catégorie que l'on retrouve 2 traumatismes crâniens sur 2, 3 entorses cervicales sur 3, 1 fracture de mâchoire sur 1, 1 fracture du coude sur 1, 9 entorses du genou sur 12.
EN CONCLUSION
Le rugby demeure un sport peu dangereux et sûrement un des moins dangereux pour l'enfant de moins de 15 ans. Il ya lieu d'exercer cependant une prévention au niveau des cadets de la part des instances fédérales en limitant le nombre de matchs (10 par saison en Angleterre + 2 tournois) et de la part des médecins et des éducateurs de clubs (port de protège-dents, voire d'épaulière pour certains, gestes techniques, éducation physique orientée.. .).
Une prochaine enquête se propose, maintenant que la catégorie de jeunes à risques est "ciblée", d'être effectuée de façon plus précise (circonstances de jeu, poste occupé, passé rugbystique, autres sports pratiqués...) au niveau des cadets sur une ou deux saisons.
Ce travail a été réalisé grâce à la collaboration de:
- Me Beyrand (Isle), M. Bonnefont (Brive Olympique), M. Dubois (Peyrehorade), M. Gathier (Usseij, M. Gerveau (Cahors),' M. Hourcle (Orthez), M. Lalanne (Tulle), M. Lhaumond (Bergerac), M. Marbot (CA. Brive), M. Pliez (Toulouse), M. Marsaud (Périgueux), M. Periex (Aunllac) , Dr Vidalin (Montferrand).
- des assurances UAP et des Laboratoires SPECIA que nous tenons particulièrement à remercier.
Dr Ch. PAROUTY (Brive Olympique)
(Extrait de Rugby)