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Le Bouclier de Brennus

 

En remportant la Finale de 3e Division face à Mandelieu, le 16 juin, l'AS.B. s'est vu confié pour un an le "Bouclier de Brenus" récompensant le Champion de France. Troisième titre pour le Comité "Côte Basque-Landes", après l'AS. Soustons en 1968 et l'U.S. Mugron en 1979.

Mais que sait-on de ce trophée tant convoité?

On sait qu'il honore la mémoire de Charles Brennus dont l'Annuaire de la Fédération Française de Rugby nous apprend qu'il a été Président de la. Commission Centrale de Rugby de l'U.S.F.SA et premier Trésorier Général de la Fédération Française de Rugby qui, en 1920, succéda à la Commission de l'U.S.F.S.A. (Union des Sociétés Françaises des Sports Athlétiques).

Les incertitudes commencent lorsqu'on s'interroge sur les conditions et dates de création du trophée et sur la personna­lité de Monsieur Brennus.

Le premier titre de Champion de France a été décerné en 1892, mais ce n'est qu'en 1912 que la presse signale la remise du "Bouclier", au Stade Toulousain. Il semble y avoir une période d'abandon vers 1925, puis reprise en 1930 et, depuis la fin de la guerre, il est la récompense indiscutée des Champions de France.

Il est tout naturel d'attribuer la création du "Bouclier" au Maître-graveur Charles Brennus qui présidait à cette époque l'organisation du Rugby en France, mais il n'a pas été trouvé d'explication officielle sur les circonstances de sa création. C'est un objet modeste mais qui est chargé d'une grande valeur symbolique dans le monde de l'Ovalie et, si son passé pose des questions, son avenir lui, n'en pose pas, il continuera pendant longtemps à faire rêver les meilleures équipes. La personnalité de son "parrain" est complexe avec des zones claires concernant son action sportive et des parties controversées concernant ses origines.

On sait qu'il est né en 1859 à Châteaudun pour les uns, à Paris pour les autres, et qu'il est décédé le 23 décembre 1943. Son père, Jules Crosnier, lui donna comme prénoms les noms de deux chefs gaulois célèbres: Brennus et Ambio­rix (Brennus était le chef de Senons un des plus puissants peuple de la Gaule au nord de la Bourgogne. Il battit les Romains à l'Allia, il prit et pilla Rome (390 avant J.C.). Il accepta de se retirer au prix de mille livres d'or. Pendant la pesée, il jeta sa lourde épée dans la balance en disant "Vae vict/s" "Malheur aux vaincus". Ambiorix, chef du nord de la Gaule, se souleva contre l'envahisseur Romain mais fut finalement défait par César).

Malgré ses prénoms recherchés, Brennus Ambiorix fut, comme selon la tradition de l'époque, prénommé comme son parrain Charles.

Devenu Maître-graveur à Paris, il pratique le vélo, le cross-country et découvre le football-rugby qui vient d'arriver dans la capitale. Il se passionne pour ce jeu, mais le port nécessaire de son lorgnon lui pose beaucoup de problèmes, il trouve la solution en devenant un arbitLe apprécié et important.

Il fonde le S.C.U.F. continuant son travail de dirigeant pour le rugby où tout était à faire. Il aide à la formation de clubs et le regroupe à la section rugby de l'U.SJ.S.A. Il est à l'origine des premières rencontres internationales. Son action est prépondérante pour l'implantation du rugby en France.

Très populaire, il est connu sous le nom de Brennus (son prénom officiel) et de Charles. Cette dérive de son identité semble avoir eu l'assentiment de l'intéressé, qui signe "Brennus" ses oeuvres de graveur.

Pour ceux qui sont sensibles à l'histoire, l'évolution de son identité a été favorable en le faisant connaître sous le nom d'un chef gaulois prestigieux. Dans cette optique il est normal que le trophée soit un bouclier.

Pour les autres, il demeure notre premier grand dirigeant qu'il convelJait d'honorer en se félicitant qu'il porte un nom qui sort du commun.

Mais, dès l'Ecole de Rugby, nos jeunes têtes blondes rêvent du jour où le "Bouclier de Brennus" sera au bout de leurs bras, comme ils l'ont vu à la télé et sans se poser toutes ces questions.