Menu        
   
Remonter la pente
   
       

P résider aux destinées d'un club n'est pas chose aisée. Je sais de quoi je parle. Aussi, il n'est pas question de mouche
ter ces quelques lignes de rancœur ou d'acrimonie, de se livrer à polémique ou de s'adonner à quelconque critique. Je n'en ai nullement l'intention. Je voudrais simplement et sans prétention analyser objectivement une situation qui, en cette fin d'année, s'affirme d'autant plus préoccupante pour notre société que les remèdes pour la redresser apparaissent à tous le moins aléatoires. Certes, ce n'est pas la première fois que l'AS.B. doit faire face aux incertitudes du lendemain, aux affres des difficultés financières, à l'éventualité d'un rélégation en troisième division. J'allais même dire que c'est son lot de toujours; mais les problèmes actuels constituent une menace pour son devenir et il m'apparaît opportun, devant leur gravité, d'actionner ce clignotant, pour essayer d'y remédier et, toutes bonnes volontés réunies, de remonter la pente.
Notre chère "Battitte", il ne faut pas se voiler la face, est en proie à de véritables difficultés, d'ordre à la fois financier et interne. La passation fraternelle des pouvoirs a permis tout naturellement de mesurer leur ampleur et l'héritage a mis en exergue des droits de succession qu'il était difficile de supposer. Après l'embellie ô combien brillante de 1991, le processus d'une telle dégradation -le mot n'est pas trop fort - s'inscrit dans le suivi d'une politique de moyens dépourvue de rigueur, à partir du moment où les besoins ont largement dépassé les moyens. La pratique d'un "mercenariat"
qui chacun le sait est source de discrimination, en obérant gravement le budget, a accentué la dérive et pris le pas sur le bon sens. Par ailleurs, au plan interne, l'ambition et quelque goût de notoriété aidant, en faisant fi de l'esprit du club, ont engendré la regrettable discorde survenue il y a deux ans. La résolution brutale d'évincer, sans les entendre, ceux que l'on avait jusque là très justement encensés et l'érosion des effectifs qui en a découlé ont généré des séquelles ineffaçables encore aujourd'hui. En tout état de cause, en cette triste affaire de clans, la raison et l'amitié ont été inexorablement bafouées.
Tel est "l'état de l'Union". Il est donc nécessaire et urgent de reprendre les rênes en main. L'équipe dirigeante en place, et notre co-présidente notamment s'y emploie avec intelligence et fermeté. Dans l'atmosphère actuelle, la tâche est lourde mais non insurmontable, à condition toutefois que les esprits changent et se mobilisent pour l'aider. Pour remonter la pente, il lui faudra conduire une action rigoureuse tenant compte de trois données à mon avis fondamentales.
- La première, s'en tenir à redéfinir le but à atteindre et pratiquer une politique de moyens, axée pour l'essentiel sur le
creuset que représente l'école de rugby. C'est en effet par la formation des jeunes que l'on asseoit le devenir d'un club. C'est d'ailleurs, compte tenu de notre budget, la seule hypothèse de travail qui se présente et nous avons la chance, pour ce faire, de détenir des éducateurs de qualité tout dévoués à leur mission.
- La deuxième, c'est de s'appuyer sur un Conseil d'administration à rénover et à étoffer. Il convient pour ce faire d'engager une politique d'ouverture auprès des anciens joueurs notamment, visant à rajeunir les dirigeants, à insuffler un sang neuf pour un meilleur brassage des idées, une plus grande participation aux responsabilités et à l'action.'
- Le dernier volet de ce triptyque nous concerne tous, joueurs, entraîneurs, éducateurs, dirigeants. Il y en a marre des luttes intestines, des chicaneries stupides; il y en a marre de la bêtise et de la mesquinerie; il y en a marre de voir l'intérêt particulier supplanter l'intérêt général. Il nous faut comprendre, une fois pour toutes qu'un club c'est avant tout un état d'esprit qui nous contraint à effacer les susceptibilités, aplanir les discordes, balayer les dissenssions, un état d'esprit qui se doit d'engendrer compréhension, réconciliation, estime et amitié.
Ce n'est qu'à ce prix que nous parviendrons à remonter la pente. Comme on le voit, c'est l'affaire de tous.


Robert SAHASTUNE