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Le 30 août 2008 par CHERGUI
TRIBUNE LIBRE
 

Etre éducateur à l’ASB

J’entends çà et là des éducateurs demander aux jeunes licenciés de notre association : « Tu aimes le RUGBY ?! ». Pourquoi ne pas demander à un bébé de 10 mois qui est à peu près sûr de sa posture assise : « Tu aimes marcher ? ». En posant cette question à sens unique, l’éducateur se décharge sur le jeune en le renvoyant à sa propre responsabilité qu’il n’assumera jamais du haut de ses 10, 11, 12, 13, 14 ans … La question la plus juste serait : « Est-ce que j’arrive à te faire aimer le rugby ?! » La responsabilité sera alors justement partagée entre l’éducateur dont le rôle consiste à susciter l’envie de jouer chez le jeune et au jeune d’évaluer son degré d’ouverture à l’apprentissage de notre jeu favori. Chacun son rôle : « les éducateurs éduquent, les joueurs jouent et les apprenants apprennent ».

Ce basculement des esprits n’est pas anodin et il me donne tellement d’a priori que je ne peux m’empêcher de prendre ma plume à la lumière de cette cyber-tribune verte et violette.
Je me souviens, il y a quelques mois, j’écoutais attentivement un dirigeant du club que j’accompagnais dans les travées du stade municipal « Jean Dauger » à l’occasion d’une confrontation rugbystique dans le cadre du « Baionan Rugby Tour ». Nous discutions du pharaonique projet « Super Aguiléra ». Il me cita alors un journaliste local qui affirmait que « les marchands sont dans le temple ».
Notre temple est le rugby et je ne viens pas là pour déblatérer sur la nécessité ou non de commercialiser notre sport. Le système est ainsi fait et le rugby se commercialise avec ou sans notre accord qui n’a pas beaucoup de poids face à la masse d’argent que le rugby génère et qu’il génèrera. Pour combien de temps ? Cela est autre chose…

A l’ASB, il n’a jamais été question de faire du commerce de nos valeurs, ou bien suis-je aveugle ? Nous devons, sans cesse, continuer à être les maîtres-artisans de l’abnégation, du courage, du dépassement de soi, de la solidarité et de la fraternité. Ces valeurs sont le socle de notre club. Si nous ne les entretenons pas, l’édifice risque de s’effondrer et les charognards de venir « bouffer » les miettes.

Nous sommes comme des artistes qui composent et jouent une partition. A la recherche de l’excellence de la mélodie. L’application dans l’écriture des mesures doit être optimale, l’entretien de nos instruments doit être régulier. Si nous y mettons tout notre cœur, le public viendra nous écouter instinctivement. On ne remplira pas de grandes salles dans un premier temps ; mais à force de chercher perpétuellement la note juste, les foules viendront tendre l’oreille puis si nous insistons ils s’assiéront près de nous.

Georges BRASSENS (paix à son âme) n’a-t-il pas commencé à chanter ses fables accoudé à un comptoir de café ? Ce poète n’a-t-il pas fini par remplir l’Olympia des dizaines de fois sans avoir jamais prostitué sa pensée ?...Alors revoyons nos portées et croyons à la portée de notre message, à la qualité de notre musique. La jeunesse spiritaine nous remerciera de lui offrir un spectacle plus léger sans se sentir obligée de rejoindre une quelconque communauté.

Le rugby commercial a les extravagants moyens de sa médiocrité : affichage agressif, pottok cocaïnomane, indien ridicule. Les foules abruties par des comptines répétitives payent cash pour appartenir à la communauté. Le brouhaha assourdissant assomme littéralement et couvre la musique douce de notre orchestre. Chez eux les gens ne s’assoient pas, ils se couchent. Non ces gens n’aiment pas le RUGBY, ils le violent.
Dans ce climat, continuons coûte que coûte à jouer notre musique douce, accordons nos instruments et ces jeunes finiront par l’aimer et savoir lui rester fidèle.
Pour l’ASB, que la musique soit belle…